Entretien Guillaume PARIS

Domaine Paris père et fils

Comment en êtes-vous venu à faire de l’enherbement ?

Nous avons un domaine de 10,5 ha.

Les enherbements ont commencé fin 96-97 en enherbement semé avec principalement des espèces de fétuques et ray-grass tout en arrêtant de désherber totalement. Nous avons fait ce choix parce que nos vignes étaient trop vigoureuses. Ça nous a permis de réguler leur productivité et donc les phénomènes de pourriture.

Arrivé en 2007 nous arrivons donc à 50-60% du vignoble avec de l’enherbement semé de graminée et le reste en naturel.

 Jusqu’à 2014, nous n’avons fait aucun renouvellement de nos semis de graminées. Bien qu’entre 2009-2012 nous avons testé la mise en place de couvert végétal avec du seigle de l’avoine et de la vesce, nous avons abandonné la pratique, car cela rendait les vignes trop vigoureuses. 2014 a marqué le début des périodes de sécheresse et les graminées rentraient en concurrence hydrique avec la vigne.

En 2017, nous avons donc re-testé l’enherbement temporaire avec de la moutarde, radis chinois, vesce, avoine et phacélie. Nous avons fait un semis d’automne tardif, la moutarde n’a donc pas marché. Le radis non plus, mais c’est parce que notre sol était trop tassé.

Nous avons donc changé de mélange en 2018 avec de la vesce, seigle, avoine, féverole, gesse, lin, crotalaria et trèfle incarnat.  

Comment implantés vous votre enherbement ?

Aujourd’hui nous utilisons un mélange de vesces, seigle, lin et trèfle incarnat.

50 % du domaine est du couvert végétal et les 50 % restant de vieux enherbement semé ou naturel. Notre but final est de passer à uniquement de l’enherbement temporaire d’ici les prochaines années. Mais pour cela il faut que l’on renouvelle les bandes permanentes qu’il nous reste.

Nous implantons donc notre enherbement temporaire à l’aide d’un semoir semi-direct que nous avons en CUMA. Maintenant, nous continuons d’utiliser de la vesce, seigle, lins, trèfle incarna.

La destruction du couvert végétale se fait donc avec un premier passage de rouleau FACA en avril-mai afin d’éviter les gelées de bourgeons, et d’un deuxième en juin. Les enherbements permanents eux, sont détruits au covercrop .

Quels sont les avantages de l’enherbement ?

Le fait d’avoir une alternance de rang en enherbement temporaire suivi d’un autre en enherbement permanent nous permet de limiter les dégâts faits sur le couvert lié au passage des machines l’hiver pour la coupe des vignes.

L’utilisation du couvert nous a donc permis plusieurs choses :

• éviter les soucis de concurrence hydrique pendant les étés de plus en plus secs

• d’avoir un apport d’azote grâce aux légumineuses
• de décompacter nos sols grâce aux racines traçantes du lin
• mon  mélange permet aussi un étalement de la production de biomasse tout au long de l’année. Chaque espèce a son espace de vie donc une fois le rouleau passé et que le lin et le seigle sont aplatit, cela laisse la place au trèfle et à la vesce pour se développer

Tout cela m’a donc permis, en 6 ans, de multiplier par 2 ma quantité de matière organique (12-13g/kg en 2018) dans le sol. Aujourd’hui, aucune vigne est en dessous de 17g/kg , j’en ai même certaine qui monte à 22-24 !

L’enherbement permanent quant à lui nous a permis de réguler la vigueur de mes vignes. Elles produisent moins de raison, et sont donc bien moins soumis à la pourriture. Bien que mes vignes produisent moins de raisins, leur qualité est nettement améliorée.

Par rapport à l’érosion, l’enherbement permanent est selon moi moins intéressant que le couvert. La structuration au niveau du sol fait que le couvert va mieux casser les courants d’eau comparés au gazon de l’enherbement permanent, c’est lié au désordre lié aux tiges plus hétérogène

Il est vrai que la refonte de l’organisation du fonctionnement du vignoble, et les investissements de matériels lorsque l’on passe en enherbement peuvent être un frein.

Mais on utilise très peu d’intrants donc les investissements sont vite rentabilisés.