Entretien avec Fabien LAFITTE : Conseiller machinisme fédération des cumas 640

Entretien avec Fabien LAFITTE : Conseiller machinisme fédération des cumas 640

Entretien avec Fabien LAFITTE

Conseiller machinisme fédération des cumas 640

 

 

Quels sont les avantages de l’enherbement ?

L’enherbement, c’est une pratique en voie de développement avec un gain de popularité.

Les tendances sont à un appauvrissement des sols en matière organique couplé à une érosion de plus en plus importante. La couche superficielle supérieure du sol est la plus importante, mais aussi la plus fragile. L’enherbement permet ainsi :

  • Un gain de matière organique dans le sol
  • Limitation de l’érosion
  • Apport de biodiversité, notamment d’insecte pollinisateur ou autre lié à la floraison des bandes
  • Permet une meilleure structure, porosité et ressuyage du sol. Le sol retient donc plus l’eau et les éléments nutritifs, mais aussi se maintien mieux. Le viticulteur peut donc intervenir plus tôt sur ses parcelles.
  • Intrinsèquement aux autres facteurs évoqués, cela permet l’augmentation des rendements et de la qualité du raisin

 

Quelles sont les différences entre enherbement temporaire et permanent ?

L’enherbement permanent, lorsqu’il est semé en graminée, permet un meilleur maintien du sol, mais aussi est meilleur pour limiter l’érosion. Du fait qu’il soit pluriannuel, il permet aussi une remobilisation de la matière organique important. L’enherbement permanent peut aussi être total, c’est-à-dire jusqu’au pied de la vigne. Nous avons fait des tests avec du trèfle souterrain et c’est une très bonne méthode pour étouffer les adventices.

 

Quelles sont les espèces à intérêts ?

Les crucifères ont des racines puissantes et profondes. On utilise fréquemment des espèces comme le radis chinois ou la moutarde afin de décompacter le sol.

Les légumineuses permettent un apport d’azote dans le sol avec des espèces comme les trèfles, féverole et la phacélie. C’est une très bonne alternative aux engrais azotés qui ont des prix très élevés ces temps-ci. La phacelie est d’ailleurs très intéressante grâce à son inflorescence violette favorise la présence d’insectes pollinisateurs. La féverole de son côté est très populaire, car s’implante et se détruit très facilement grâce à ses tiges creuses.

Les Graminée elles, s’implantent facilement et produisent une grosse quantité de biomasse. Néanmoins, il faut être vigilant sur leur capacité à repiquer dans le sol même après destruction. Il faut aussi privilégier une tonte avant la floraison pour éviter toute concurrence azoté ou hydrique avec les vignes.

 

Quels sont les freins et difficultés pour un viticulteur ?

L’un des principaux freins de la mise en place du couvert est tout simplement l’installation du couvert et les interventions que cela nécessite. De plus, d’un point de vue économique, cela représente aussi l’achat de semence, de matériel, et de frais de main d’œuvre. Cependant, le matériel est de nos jours bien plus confortable et high tech et surtout facile d’accès que ce soit en propre ou en CUMA

Comment implanter mon enherbement ?

Je vois trois principales manières d’implanter un enherbement :

  • Utiliser un semoir pneumatique monté sur un déchaumeur à disques. Le déchaumeur est un outil polyvalent pouvant être utilisé pour l’implantation du couvert comme pour sa destruction. Il prépare un lit de semence idéal pour l’implantation des graines via le semoir. Cela permet de réaliser un travail du sol et un semis en un seul passage. Selon la taille des graines, il est possible de placé les descentes du semoir, soit entre les disques du déchaumeur pour les plus grosses graines, soit entre le déchaumeur et le rouleau pour les plus petites.
  • Utiliser une herse rotative avec un semoir pneumatique ou mécanique. La herse étant un outil animé, elle aura beaucoup de force pour pénétrer dans les sols compacts et d’en faire une terre fine. Le rouleau va ensuite niveler cette terre favorable à l’implantions des graines.
  • Utiliser un semoir direct à dent ou à disque. Il est préférable d’utiliser un semoir à dent en cas de sol séchant et compact, mais cela sera plus violent pour celui-ci. Un semoir à disque quant à lui, est plus performant lors de forte végétation.

Il faut aussi savoir que l’utilisation d’un semoir mécanique à une seul trémie peut ne pas être adaptée lorsque l’on sème des mélanges avec des graines de différentes tailles. Pour avoir un débit de graine homogène, il vaut mieux utiliser un semoir à deux trémies.  

 

Sur quelles parcelles pouvons-nous implanter de l’enherbement ?

Les écartements de vignes peuvent aller jusqu’à trois mètres, mais peuvent aussi être en dessous du mètre. Il est donc difficile de mécaniser des vignes serrer ou alors nécessite l’utilisation d’un enjambeur.

La pente de la parcelle est aussi un facteur à prendre en compte, car va conditionner l’utilisation ou non d’engins agricoles.

 

Quels sont les itinéraires techniques possibles ?

Il est préférable d’implanter l’enherbement qu’il soit temporaire ou permanent, avant les vendanges pour profiter des sommes de température pour maximiser le taux de germination et permettre un regain de végétation idéal en sortie d’hiver. L’implantation après vendange est tout à fait possible, mais cela reste moins idéal pour le développement du couvert. Le principal est de faire attention à travailler sur un sol bien ressuyé et d’éviter tout phénomène de tassement ou de croûte de battance.

Dans le cas d’un enherbement permanant, trois à quatre tontes par ans sont conseillées. Il vaut mieux éviter plus pour limiter la sélection d’espèces compétitrices pour la pousse au détriment d’autres.

Un enherbement temporaire peut se garder une ou deux années maximums, tandis qu’un enherbement permanent ne se garde que 5 ans maximum. Pour leur destruction, il vaut mieux la réaliser courant avril avant la formation des graines.
 

Comment entretenir ou détruire mon enherbement ?

Il est possible d’entretenir son enherbement en le tondant ou en le broyant. La tonte avec système à dégagement est intéressante lorsque la végétation est peu développée et permet aussi de réaliser un mulch. La tonte peut se faire à lame dans l’inter rang ou a fil dans l’intercep. La première possède toutefois un débit de chantier faible et nécessite des passages plus fréquents que la normale tandis que le second outil, peut s’avérer onéreux lié à l’achat de fils. Le broyage quant à lui permet une assimilation rapide de la matière organique dans le sol.

 

Là aussi, la destruction d’un couvert peut se faire de deux manières différentes. Soit on utilise un déchaumeur à disque pour une destruction totale, mais aussi incorporer dans le sol la matière organique, soit on peut rouler le couvert avec un rouleau FACA par exemple. Cette dernière méthode permet un débit de chantier important tout en ayant une demande énergétique faible.

 

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