Entretien Loic ZWINGELSTEIN : EARL ZWINGELSTEIN
Pouvez-vous présenter votre exploitation ?
Je me situe en Alsace sur une exploitation d’environ 12,5 ha avec 30-40 ares de grand cru dans des pentes autour de 30-35%. Sur la totalité du domaine, 5 ha sont en pente. Les vignes sont au plus étroits à 1m40 et au plus large 2m10.
Comment en êtes-vous venu à faire de l’enherbement ?
Je suis arrivé il y a 5 dans l’exploitation, et l’enherbement était déjà pratiqué avec un rang enherbé naturellement et l’autre labouré superficiellement. Cependant, les parcelles en pente ne pouvant pas être labouré, elles étaient laissées en enherbement naturel total.
Grâce à l’école et à mon alternance, je me suis intéressé aux enherbements semés.
J’ai donc fait une phase de test sur 20 ares pour montrer à mon père comment cela fonctionnait. J’ai semé un mélange de seigle, radis, avoine et d’autre espèces, en directe dans les bandes enherbé et laissé la végétation reprendre dans les bandes labourées.
Après une année, mon père a été convaincu par cette pratique.
Comment implantés vous votre enherbement ?
J’ai réalisé le 1er semis avec une herse rotative en semis direct et un broyage pour la destruction.
Maintenant, nous utilisons 13 espèces différentes pour le semis. Je choisis les espèces, mais il est préparé par mon fournisseur. Nous utilisons, entre autres, de l’avoine, seigle, fenugrec, pois fourrager d’hiver, trèfle inca, radis chinois, phacélie, vesce. J’ai fait le choix d’autant d’espèces, car nous possédons trois types de sols. Je sème ce mélange, peu importe le sol, ce qui me facilite grandement le travail et les espèces poussent plus ou moins selon où elles sont semées.
J’utilise un semoir semis-direct couplé avec un gps, ça me permet de rouler assez vite et gagner du temps. Ma trémie possède plusieurs distributeurs que je peux donc régler afin d’obtenir un mélange dispersé homogène. Selon les saisons, nous semons de fin août jusqu’à début novembre. Nous avons une large plage, car le semis direct ne fait pas de dégât au sol et ne perturbe pas les vignes, cela nous permet donc d’être indépendants des vendanges.
À savoir que lorsque j’ai commencé à faire du semis, nous étions trois intéressés par cette pratique, aujourd’hui nous sommes 15 et nous avons notre matériel en CUMA ce qui nous permet de compenser l’investissement de la machine comparé à son utilisation réelle. Lorsque j’en ai besoin, c’est pour une journée maximum.
Quels sont les avantages de l’enherbement ?
Les trois points clé sont pour moi l’aération du sol,la rétention de l’eau et limitation de l’érosion, et apport d’azote.
Au vu de nos fortes pentes, l’implantation d’un enherbement réduit drastiquement l’érosion, c’est le premier argument qui nous a fait passer à cette pratique.
L’année suivant l’implantation des bandes semées, on s’est rendu compte que les sols étaient bien plus humides que les autres parcelles. Mon père avait à certains endroits la boue jusqu’aux genoux. L’année n’était pourtant pas extrêmement sèche, mais elle n’a pas été humide non plus.
L’apport d’azote est aussi un avantage de l’enherbement. Nous utilisons différentes techniques – broyage, roulage ou enfuie – selon l’apport d’azote instantané que l’on souhaite.
L’enherbement me permet d’avoir aussi un sol de bien meilleure qualité, et me fait donc gagner beaucoup de temps. Comparé au labour avec 5-6 passages, maintenant je fais un passage pour le semis, et un autre pour la destruction.
Il y a aussi un autre avantage, mais qui n’est pas agronomique, j’admets que les semis sur les périodes hautes sont très beaux visuellement.
Au final, c’est une pratique Intéressante, il y a de l’innovation personnel sur les techniques ou les espèces, ça laisse place à l’expérimentation pour s’adapter à chaque parcelle.
